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Un premier IM sous le cagnard

mardi 9 juillet 2019 - 1750 vues

3h45. Le réveil sonne. Il “faut” se lever et commencer à se préparer pour ce fichu IronMan ! (Quelle idée de se dire qu’on va faire plus de 226km en nageant / pédalant / courant le tout en plein cagnard et en plus en payant pour ça…, voire en y prenant du plaisir).


L’an dernier, en terminant le Natureman en bonne forme et dans un temps correct, je me suis en effet dit que j’étais mûr pour l’IronMan An dernier, bien en finissant Vichy, je me dis que ça sera la bonne année pour un IronMan ! Et me suis donc inscrit à celui de Nice.


Je suis confiant mais un peu dubitatif : ma préparation a été loin d’être optimal : j’ai commencé un plan d’entrainement fin février (soit 4 mois avant au lieu des 6 préconisés) et l’ai tenu un peu sérieusement pendant 6/7 semaines. J’ai continué ensuite de m'entraîner régulièrement (environ 2 séances de chaque sport par semaine, pour un total hebdo moyen entre 8h et 10h) et me suis dit que même sans suivre à la lettre un plan, ça devrait passer. J’ai également été plus fatigué que ce que je craignais par mon nouveau travail chez Decathlon (mais suis très reconnaissant au magasin de m’avoir laissé travailler aux 4/5e entre mon entrée mi-mai et le jour de l’IM ! -- je ne sais pas comment j’aurais pu arriver ici en forme et en confiance sinon).

J’ai bien décru mon volume d'entraînement depuis Aix il y a 7 semaines mais me dis que le fond, ça ne se perd pas si vite et comme j’étais en pleine forme pour Aix ça devrait passer crème, d’autant que j’ai bien fait attention à dormir cette semaine.


Je prends donc le petit-dej classique d’avant course : 1 gateau-sport chocolat, 1 gateau-sport fruits rouges, 1 smecta et beaucoup de St Yorre. Avant cela, j’ai mangé des pates/riz/patates matin midi et soir durant les 6 derniers jours, bu des litres et des litres de St Yorre et Rozana toute la semaine en prévision de la canicule, et bien bu ma maltodextrine depuis 3 jours. Cela devrait donc être bon sur le plan de l’hydratation et alimentation si je suis sérieux pendant la course. Je crains fort la chaleur caniculaire, d’autant que le mois de juin a été froid jusqu’il y a 5 jours et que je n’ai donc pas pu m’acclimater.


Nous avons appris hier soir la modification du parcours en raison de la canicule et de la pollution : les 3.8km de nat' sont maintenus, mais les 172km de vélo sont réduits à 152 km (2 portions de plat qui sautent + la côte de la condamine qui me faisait peur et qui disparaît du parcours), et les 40km de cap sont réduits à 30. Je suis un peu déçu de prime abord de ne pas faire la “vraie” distance pour ce premier IM, mais c’est le jeu et cela fait partie des aléas des courses. D’autant que le cap est en théorie mon point faible donc cela m’arrange bien.

Après être allé finir les derniers réglages de mon vélo (gonfler les pneus, poser la nourriture les bidons et le GPS, attacher les chaussures aux pédales, etc.), je peux enfiler ma combinaison et me préparer pour la nat’. La température a été mesurée à 24.6°C, soit 0,1°C au dessus de la limite autorisée pour que la combi soit tolérée mais la direction de course choisit de l’autoriser exceptionnellement “pour des raisons de sécurité” (en vrai, je pense que ça aurait bien gueulé si ça avait été interdit, en plus de la modification de parcours)

Je pars dans le premier sas (<1h02), comme d’habitude et arrive bien à “poser ma nage” pour la 1re fois cette saison (ça avait été très compliqué à Aix et Versailles). La Méditerranée est vraiment agréable : l’eau est claire, la texture “huileuse” est assez agréable Je pars un peu vite (7’13’’ sur le premier 500m contre les vagues), mais suis assez bien et nage à peu près droit. Je me prends un bon coup de pied dans les lunettes au bout de 700m mais elles restent bien en place, donc tout va bien. Je n’arrive en revanche pas à suivre des pieds et profiter de l’aspiration d’autres nageurs car je double sensiblement plus que je me fais doubler et ceux qui me doublent sont trop rapides pour que j’arrive à m'engouffrer durablement dans leur sillage. Je sors en 58’41’’ (154e / 2540 overall, 31e / 332 dans ma catégorie) ; moins de 59 minutes : c’était l’objectif, contrat rempli. En entrant en zone de transition j’entends Greg qui m’encourage et sait trouver les bons mots pour me booster (“Pauline est déjà sortie et est devant toi” :p -- et largement d’ailleurs, à plus de 2’ devant, bravo à elle). Cela me booste pour faire un transition rapide : j’enlève ma combi (pas besoin de retirer mon bonnet de bain que j’ai perdu à 300m de l’arrivée), et enfile chaussettes de vélo et ceinture avant de courir vers mon vélo tout en attachant mon casque et chaussant mes lunettes. Je finis la T1 en 4’37’’ et monte ainsi sur mon vélo 4 secondes derrière Pauline.


Le vélo commence bien. Il y a un peu de monde sur le début du parcours. J’essaie tant bien que mal de respecter le règlement et de ne pas “drafter” (profiter l’aspiration du cycliste devant) et reste bien à 12m derrière dès que je peux ou me décale pour ne pas bénéficier de la traînée. Ce n’est apparemment pas suffisant pour un des arbitres à moto, qui vient à ma hauteur après à peine plus de 10km de vélo et me présente un carton bleu, synonyme de 5’ de pénalité à effectuer au sommet du col de l’Ecre. Je suis un peu frustré car il est impossible de ne pas drafter en début de course et que je draftais au plus autant que les autres autour de moi, mais ne m’énerve pas trop longtemps car je dois économiser de l’énergie. Le parcours vélo est vraiment magnifique, et l’avoir reconnu en stage en mai aide bien. Il est amusant de voir des cyclistes me dépasser largement, à 3 ou 4 km/h de plus que moi, pour les redoubler 15 minutes plus tard. Je suis boosté par le carton bleu et essaie de ne pas perdre trop de temps, tout en surveillant bien mon cardio pour ne pas monter trop haut. Certains curieux viennent aussi sur le parcours pendant la course (et je me fais ainsi doubler par un “vieux” de 50 ans en VTT électrique pendant l’ascension). Je mets un petit coup de boost sur la fin du col en prévision de la pénalité. J’arrive au sommet en 2h32 de course. Patoche avait prévenu que si on gérait bien cela marquait le milieu en temps de la course. Je vise environ 5h donc cela est concordant. En arrivant sous la tente de pénalité, j’annonce mon numéro de dossard à une arbitre qui lance le chrono. Il est amusant de constater que nous sommes tous innocents à écouter tous les pénalisés (alors que eux ont triché mais que c’est moi l’innocent ! :p). Et puis comme le dit un autre arbitre à la préposée au chronomètre “c’est le top 200, ils savent parfaitement ce qu’ils font, donc ne les écoute pas” -- j’ai beau penser que je ne suis que dans le début de course que parce que mon point fort est la nat’ je ne suis pas certain que cela aiderait ma cause).


Je profite donc de la pause forcée pour me faire une pédicure (remettre de la crème anti frottement sur les pieds), mais l’arbitre ne me prévient pas à 1’ de la fin de ma pénalité. Si bien que je n’ai pas encore remis mes chaussures quand on m’annonce que mon temps est écoulé. 30’’ bêtement perdues. La descente se passe bien. Je suis un peu frustré de mon choix de pédalier/cassette trop précautionneux. En prévision de la chaleur et de la côte des condamines j’avais changé l’avant et l’arrière (passage de 52-35/11-28 en 50-34/12-30), mais n’ai finalement jamais eu besoin du petit développement tandis que je sentais qu’il me manquait clairement au moins 2 dents à l’avant lors des phases roulantes. Mais bon, au moins cela m’a préservé. Je fais des descentes correctes (d’habitude cela bouchonne derrière moi, mais là ça va). Au km 125, je ne vois pas un petit nid de poule et entends un gros bruit ! j’ai peur de casser ma roue ou de crever ma chambre à air, mais finalement rien de tout cela. Ouf ! Je pense à Lucas l’an dernier qui avait eu des soucis de respiration sur la course à force d’être resté sur les prolongateur et me force à faire de belles respirations ventrales. J’appuie un peu sur les pédales lors de la fin du parcours pour passer la barre des 150km en moins de 5h05 (donc 5h00 sans pénalité) -- je le passe en 5h04’47’’) et boucle les 152km de vélo en 5h09’32’’ (247e overall, 48e des M30-34).


La T2 se passe bien. Je change de chaussettes pour être plus confortable et perd de nouveau un peu de temps car ma chaussette gauche était rangée dans ma chaussure droit et réciproquement (et je ne m’en suis rendu compte qu’après avoir enfilé la 2e chaussette). Je fais pour la 1re fois une T2 plus longue que la T1 (5’12’’)

Je pars en cap avec un objectif de 5’ au kil, mais suis naturellement en 4’30/4’40. Je ne m’arrête pas de courir aux 3 premiers ravito (1 ravito / mile sur IM), mais décide de redevenir raisonnable à partir de 5km quand je vois tout le monde marcher. Je prends donc le temps de bien boire à chaque ravito (3 ou 4 verres d’eau dans la figure, 2 ou 3 verres de coca + 1 ou 2 verres d’Enervit et 1 ou 2 verres de St Yorre dans le gosier, à chaque fois -- sauf une fois ou je confonds l’Enervit et l’eau). Je ne mange rien de solide sur la course hormis une 3e pastille de sels minéraux (après en avoir pris 2 à vélo). Je prefère ne pas avoir trop de trucs dans le bide et ai d’ailleurs assez peu mangé à vélo (3 ou 4 barres grand maximum).


J’étais à peu près sûr que Loraine viendrait me faire la surprise de venir m’encourage mais suis au début un peu déçu de ne pas voir ma fiancée au “point idéal pour encourager les coureurs” quand je passe sur la promenade à vélo ni lors du premier trajet bout de la promenade -> aéroport. Finalement je suis heureux de la voir sur le trajet du retour : j’avais juste été trop vite par rapport à ce que j’avais prévu et elle n’était pas encore arrivée :). J’en profite pour lui demander de regarder le classement et me l’annoncer lors de mon prochain passage. Elle m’annonce mes classements en nat’ et bike et me dis qu’un top 30 de la caté est jouable (c’était la limite que je m’étais fixée pour décaler mon train du lendemain et espérer avoir un slot pour les championnats du monde de semi-Ironman). Je suis vraiment bien en cap, malgré une petite alerte gastrique , qui me force à m’arrêter une poignée de secondes aux toilettes (l’immodium pris au début du vélo n’a pas fait tout le travail escompté apparemment) ; mais c’était raisonnable car lorsque j’ai vu que les toilettes étaient occupées j’ai pu courir 2km de plus jusqu’aux suivantes… Je tiens le rythme aisément, en me concentrant pour prendre les ravito les uns après les autres (je me dis à chaque fois : “concentre toi 10 minutes jusqu’au suivant”, qui arrive en général au bout de 7 / 8 minutes, et cela tient bien !). Je vois aussi Colie qui encourage les RMAthlètes et cela fait plaisir ! 


Le dernier tour est vraiment bien. Il commence à faire très chaud sur la promenade avec le bitume noir et le soleil mêlé à la chaleur des engins de chantier. Je décide d’arrêter de passer sous les fontaines qui nous rafraichissent car j’ai pas payé 150€ mes chaussures de 230g pour les remplir de flotte et ne suis pas sûr qu’on gagne à se tremper du coup. C’est assez impressionnant : tout le monde marche ou court lentement et je cours en maintenant à peu près mon allure. Je double un mec qui me hèle (“eh devant, c’est quoi ta caté ?” je lui réponds et il me dit soulagé “ouf, ça va” ; cela fait plaisir d’inquiéter quelqu’un qui se soucie du classement, c’est bon signe !). Je continue de gérer ma course en faisant bien attention à ne pas dépasser les 160 bpm. Savoir que Loraine est là avec son frère et sa soeur m’aide vraiment à ne pas flancher ! Je peux donc filer droit vers la ligne d’arrivée.

Je boucle la cap de 2h32 (95e overall ; 11e de ma caté !!). Je suis assez surpris de mon classement : c’est la première fois que je fais un meilleur classement en course que dans les autres disciplines (et d’assez loin en plus). 


Je finis donc cet IronMan (raccourci) en 8h50’45’’ (112e/2540 partants, 17e de ma catégorie). La légère “frustration” de ne pas avoir fait un IM complet est largement compensée par la satisfaction du classement. Je manque le top 100 à cause de mon carton bleu (J’aurais été 92e avec 5 minutes de moins), mais n’ai jamais fait de tel classement donc ne vais pas cracher dans la soupe ! 

(A titre de comparaison, le 112e en 2018 avait fini la distance complète en 10h08, donc c’est une belle perf !!)

Petite (grosse) cerise sur le gâteau : je me qualifie pour les championnats du monde de semi-Ironman à Nice en septembre ! 

Je suis à 22’ de me qualifier pour le WC de full IM à Hawaï : c’est beaucoup mais compte tenu de ma préparation et de mon objectif qui était juste d’être finisher tout en performant un peu, je 

(processus de sélection : ils appellent dans chaque catégorie les athlètes dans l’ordre de classement qui doivent être présent lors de la cérémonie et accepter de prendre le slot ; il y avait 11 places distribuées en 30-34 ans et j’ai pris la 6e -- j’ai un peu l’impression d’être dans la peau de la biélorussie qui se qualifierait pour la coupe du monde de foot, mais qu’importe : ils seraient content d’y aller pour se prendre 8/0 par le Brésil et je suis dans le même cas !)

IronMan Finisher

Qualif pour les WC de half IM 


Il me reste plus qu’à faire la patrouille des glaciers, faire un marathon en moins de 3h et traverser la manche à la nage et j’aurai fait ma bucketlist sportive ! :p 

Merci au RMA Triathlon Paris et au coach Greg Ravise pour la bonne ambiance, les conseils et le soutien ! :)

Merci à Decathlon Parly 2 Versailles Le Chesnay pour m'avoir laissé le temps de m'entrainer, à VAN RYSEL / Decathlon Road BikesAptonia Decathlon et Kalenji Running pour leurs super produits (76% de mes produits en qté et 90% en valeur sont des marques sport passion D4 ?)